L’alimentation

La récente controverse à propos du menu de la cantine à Lyon donne l’occasion de se référer aux dernières études nationales ou internationales qui démontrent que la qualité de l’alimentation est un marqueur social

La consommation des BRSA (boissons et rafraîchissements sans alcool) diminue avec l’âge, le revenu et le niveau de diplôme, telle est la conclusion de l’étude de l’ONU (1), conclusion partagée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), placée sous la tutelle du ministère de l’Agriculture notamment, qui publiait INCA3 en 2017, sa troisième étude individuelle nationale des consommations alimentaires (2) :

Quelle que soit la population considérée (enfants ou adultes), la consommation de fruits augmente avec le niveau d’étude (de l’individu ou de son représentant) alors que celle de BRSA diminue. Dans l’ensemble de la population, la prévalence du surpoids, et plus encore celle de l’obésité, diminuent quand le niveau d’étude augmente.

Les disparités selon le sexe apparaissent au moment de l’adolescence et deviennent plus marquées à l’âge adulte. Elles concernent en particulier les consommations alimentaires, plus en adéquation avec les repères alimentaires chez les femmes (privilégiant les volailles, yaourts et fromages blancs, compotes, soupes, jus de fruits et boissons chaudes) que chez les hommes (privilégiant les autres viandes, fromages, entremets et crèmes dessert, charcuterie, sandwichs et pâtisseries salées, BRSA et boissons alcoolisées). En revanche, elles pratiquent moins d’activité physique et connaissent moins le repère du PNNS (Programme national nutrition santé ) sur l’activité physique que les hommes.

L’étude conduite par Santé Publique France (3) publiée le 01 Septembre 2018 confirme une appropriation insuffisante des recommandations alimentaires chez les adultes et les enfants en France métropolitaine en 2015 comme en 2006.

Alors que la consommation de poisson reste plus fréquente dans les foyers plus aisés, celle de viande, jadis réservée aux catégories favorisées, est désormais plus importante dans le bas de l’échelle sociale.

De manière générale, les personnes les plus diplômées rendaient compte d’une alimentation plus conforme aux recommandations même si les inégalités sociales semblaient s’être estompées en dix ans. Dans une perspective de santé publique, cette situation montre la nécessité de renforcer les moyens d’intervention pour promouvoir une alimentation saine auprès du plus grande nombre.


Les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat sur l’alimentation ont remporté 93 % d’avis favorable et ont souhaité poursuivre la transition amorcée par la loi agriculture et alimentation (EGalim) d’octobre 2018 dans l’objectif de limiter les émissions de gaz à effet de serre dus à l’alimentation, mais aussi favoriser l’accès à une alimentation saine.

1. Mettre en place une prime à l’investissement pour les établissements permettant de s’équiper en matériel, de former les personnels, de mener des campagnes de sensibilisation, afin d’atteindre les objectifs de la loi EGalim
2. Proposer un bonus de 10 cts par repas pour les petites cantines bio et locales (moins de 200 repas par jour) pour les aider à absorber le surcoût les 3 premières années de leur transition
3. Créer un « observatoire de la restauration collective » ayant pour objectif de partager les bonnes pratiques et de suivre l’atteinte des objectifs de la loi EGalim
4. Mettre en place un organisme de contrôle pour assurer la bonne mise en œuvre de la loi EGalim

5. Encourager la réflexion pour réécrire l’arrêté du 30 septembre 2011 relatif à la qualité nutrition-nelle des repas servis en restauration scolaire
6. Passer à un choix végétarien quotidien dans les self-services à partir de 2022 et inciter la restaura-tion collective à menu unique à développer des menus végétariens
7. Étendre toutes les dispositions de la loi EGalim à la restauration collective privée à partir de 2025
8. Étendre la liste des produits éligibles aux 50% définis par la loi aux agriculteurs en transition vers le bio, et aux produits à faible coût environnemental
9. Aider à la structuration des filières afin qu’elles arrivent à faire reconnaître des produits dans des signes de qualité


Références :

(1) ONU : La consommation de légumes des ménages français : préparation domestique ou achats de produits transformés [2010]

(2) ANSES : INCA3 [juillet 2017]

(3) Santé Publique France :Esteban 2014 – 2016[01 Septembre 2018]

(4) Slate : Les repas sans viande à la cantine ne défavorisent pas les plus précaires

(5) LCI : Plats sans viande à la cantine : non, ce n’est pas une « aberration » nutritionnelle et sociale

(6) 20minutes : Menus sans viande à Lyon : Le ministre de l’Agriculture dénonce une « honte d’un point de vue social », mais les données le contredisent

(7) Reporterre.net : Menus sans viande à Lyon, les contrevérités des politiques

(8) Marianne : Repas « sans viande » à Lyon : quel coût pour les enfants et la planète ?