Nouvelle éthique du jardin
Tout au long de son évolution architecturale et stylistique, le jardin n’a cessé de refléter une vision du monde en s’approchant d’un idéal de vie.
Pour Gilles Clément, ingénieur horticole, paysagiste, écrivain, jardinier et enseignant à l’École Nationale Supérieure du Paysage à Versailles (ENSP), le jardin est le terrain des changements permanents et suppose un nouveau regard sur la notion d'ordre. Seules les constructions de l'homme ont des accidents et à peine achevées s'engagent toujours vers un processus de dégradation. C'est la conception classique du jardin statique, où le jardinier lutte contre les changements. À l'inverse le concept du jardin en mouvement ¹ désigne une manière d’accompagner et d’orienter la libre croissance des plantes en usant notamment de l’observation attentive de leur comportement naturel. Et la condition pour voir apparaitre un état de plus grande probabilité, cet ordre dynamique est un certain abandon. Une des premières applications dans l’espace public en 1986 a été réalisée pour le Parc André Citroën inauguré en 1999. Depuis de nombreuses réalisations sont basées sur cette technique en particulier au lycée agricole Jules Rieffel de Saint Herblain (44). Gilles Clément a aussi dessiné à Paris les jardins du musée du Quai Branly, mais aussi le Domaine du Rayol, ce jardin des méditerranées dans le Var, animé toujours par une même quête : laisser vivre la nature.
"Le recours à l'architecture paraît encore la seule manière de peser convenablement sur le désordre naturel. C'est une façon de dire que l'ordre biologique - d'une toute autre nature - n'a pas encore été perçu comme une possibilité de conception nouvelle."
Parc André Citroen Gilles Clément © Radio France
France Culture a consacré plusieurs émissions aux travaux de Gilles Clément :
1. CLÉMENT, Gilles, SENS, Jeanne-Marie et TONKA, Hubert. Le jardin en mouvement. [S. l.] : [s. n.], 2017. ISBN 978-2-84534-268-2
2. CLÉMENT, Gilles. Thomas et le Voyageur, Albin-Michel, 1996.